Petit Séminaire: compte-rendu de la rencontre avec la Préfecture

Un dialogue, peu de concret et beaucoup d’incertitudes

Une délégation composée d’une personne évacuée du Petit Séminaire, d’un membre du Collectif Soutien Migrants 13 / El Manba et d’un membre du Collectif du 5 Novembre – Noailles en Colère, a été reçu dans l’après-midi du jeudi 28 janvier par la Préfecture, à l’occasion du rassemblement de soutien aux personnes délogées de la cité du Petit Séminaire menacées d’une expulsion des hôtels. Nous tenons à préciser que deux agents des services de renseignement territoriaux ont imposé leur présence durant cet échange.

Nous attendions deux choses:

– des éléments d’informations quant à la situation actuelle des familles
– des garanties quant à la pérennité de leur prise en charge et l’assurance d’un hébergement décent

Une prise en charge satisfaisante selon l’Etat…
Les deux représentants de l’Etat présents, la secrétaire générale adjointe du préfet et Anthony Barraco, responsable du pôle Cohesion sociale (préfecture Bouches du Rhône), encadrés par deux agents des services de renseignement territoriaux (la police politique participe maintenant aux réunions sur le social!… bref on en reparlera), ont dans un premier temps dressé un tableau très satisfait de l’accompagnement institutionnel de l’évacuation du Petit Séminaire, tout en reconnaissant un manque de transparence malgré nos appels au dialogue depuis plusieurs semaines.Nous avons brièvement rappelé les nombreuses défaillances des institutions, en commençant par le manquement à l’accueil inconditionnel sur le territoire jusqu’aux conventions passées avec des propriétaires d’hôtels marchands de sommeil, en passant par les graves manquements du bailleur social de la métropole HMP quant à l’entretien de son patrimoine, ayant abouti à un arrêté de péril à l’origine de l’évacuation.

20 personnes expulsables du jour au lendemain
Après l’évacuation de 118 personnes fin novembre, environ 80 sont à ce jour en hôtel. Un diagnostic social effectué par l’association mandatée Saralogisol a permis d’identifier à ce jour une vingtaine de personnes en situation «irrégulière». Ces personnes sont «expulsables» des hôtels, sans que les représentants de la préfecture puisse donner une quelconque information quant à une date de mise à la rue, cette décision relevant de directives de l’Etat central, notamment liées aux évolutions de la crise sanitaire. Nous avons demandé à être informé au plus tôt de la décision.Concernant les personnes en situation «régulière», chaque cas sera regardé individuellement, et permettra de déterminer un maintien en hôtel, avec «à terme» un probable arrêt de la prise en charge dans un contexte de saturation du parc d’hébergement d’urgence, porté à 2000 places depuis la crise sanitaire, et destiné à être progressivement amplifié dans les mois qui viennent de « quelques dizaines » de places.Cette réponse institutionnelle, et le flou entretenu sur la poursuite de la prise en charge, n’est pas acceptable dans un Etat de droit.

Des hôtels indécents
Le représentant du Petit Séminaire a rappelé les nombreuses difficultés auxquelles font face les occupants des hôtels: absence de chauffage, d’eau courante, présence de punaises de lit, sur-occupation, impossibilité de cuisiner…Nous avons été invités à nous rapprocher des travailleurs sociaux pour relayer ces dysfonctionnements et permettre à la préfecture d’apporter des réponses le cas échéant. Concernant la mise en place de distribution de repas chauds, si à ce jour rien n’est prévu, la préfecture s’est engagée à réfléchir à des solutions.

Aucune garantie
Ce rassemblement a permis d’ouvrir un dialogue entre les personnes du Petit Séminaire, les organisations en soutien et les services de l’Etat. Aucune avancée concrète n’est cependant à observer, mais une expulsion ne semble pas être programmée ni prévue dans les jours qui viennent. Il a été rappelé en fin de réunion la nécessité impérative d’un moratoire des expulsions quelque soit le type de logement, notamment les squats, a minima jusqu’à la fin de la crise sanitaire. Le respect de la trêve hivernale, prolongée jusqu’au 1er juin, doit être assuré. A ce jour, nous n’avons pas de réponses.