Et maintenant? Bilan des 5 mesures proposées par le C5N pour sortir du péril

Le 20 juillet dernier, nous avions publié nos mesures d’urgence pour sortir Marseille du péril dans Libération, alors qu’une nouvelle mairie, une nouvelle métropole et une nouvelle ministre s’installaient. Trois mois plus tard et alors que les évacuations continuent (environ 5000 personnes désormais), nous faisons le point chaque jour sur l’une de ces cinq mesures: https://collectif5novembre.org/5-mesures-durgence-pour…/

Mesure 1/5 : Retrouver nos logements dans un état digne 

 C’est l’un des problèmes les plus récurrents. Après de longs mois d’attente, lorsque les personnes retrouvent leurs logements, celui-ci est souvent dans un état désastreux : travaux de propreté après travaux non réalisés, problèmes d’hygiène et/ou de salubrité qui se sont aggravés ou installés, opacité sur ce qui a été réalisé ou non … certains propriétaires continuent dans l’indignité jusqu’au dernier moment (mais pas tou·tes, heureusement!).

 Comme depuis le début de la #CriseDesPérils, il faut encore qu’occupant·es et collectifs se battent au cas par cas pour que la #CharteDuRelogement soit appliquée et que TOUS les logements soient inspectés avant la réintégration dans le logement. Pour rappel, la #CharteDuRelogement prévoit que dès qu’une infraction au Règlement Sanitaire Départemental est repérée, l’hébergement des occupant·es soit prolongé le temps que le problème soit résolu. Dernièrement, nous avons alerté la Mairie sur des situations très graves, malheureusement sans réponse. La solution ? Renforcer les moyens des opérateurs, inscrire clairement cette mission dans leur cahier des charges et contraindre les propriétaires défaillant·es. 

Bilan: nous attendons que la renégociation du cahier des charges des opérateurs, prévue prochainement, permette de résoudre ce problème.  L’Etat et la Mairie ont acté que celui-ci serait renégocié avec les collectifs et associations mais à l’approche de la fin de l’actuelle convention, peu d’informations nous parviennent et des situations rencontrées récemment sont très graves.

Second point, sur lequel nous n’avons pour le moment pas de réponse: l’accès complet aux expertises. Comme le rappelle la #CharteDuRelogement, l’ensemble des occupant·es ont accès à l’ensemble des documents qui les concernent. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est la CADA et la jurisprudence. La Charte prévoit également que la Mairie s’engage à centraliser et faciliter cet accès. Sur ce dossier, nous proposions qu’un Guichet Unique de la Transparence soit mis en place. Avec d’autres collectifs et associations, nous avons interpellé la nouvelle Mairie sur cette question de la transparence dans l’ensemble des politiques publiques. Les habitant·es de Noailles l’ont également exprimé très clairement lors de la réunion d’information en Mairie du 23.10.2020. L’adjoint au logement a semblé vouloir gagner du temps, alors pourtant que le droit et la jurisprudence sont clairs…

Bilan: pour le moment, nous attendons des annonces sur ce sujet et nous nous inquiétons des esquives aux questions des habitant·es.

 Troisième problème majeur de cette crise : les travaux d’office (la possibilité pour la Mairie de faire les travaux à la place des propriétaires défaillants puis leur envoyer la facture) ne sont pas encore mis en place. C’est pourtant l’un des principaux outils dans les mains de la Maire pour faire avancer les dossiers. Le conseil municipal a voté cet été un budget pour prévoir ces travaux et a lancé un appel d’offre. Cela devrait donc être mis en place rapidement. Nos craintes portent toutefois sur le budget annoncé (10M) qui d’ores et déjà a été réduit à 2,6M dans l’appel d’offre. Nous ne savons pas pour l’heure où ont passés les 7,4M d’euros restants et attendons sur ce point des clarifications. 

Bilan: nous continuons donc à être vigilant·es et interpellons au cas par cas avec des occupant·es pour mettre en place ces travaux d’office.

Mesure 2/5 : Héberger et reloger dignement toutes les personnes délogées

C’est le problème majeur de cette crise des périls qui continue depuis deux ans. Selon les chiffres officiels, 1500 personnes sont toujours en logement provisoire et près de 500 attendent encore dans des hôtels ou appart’-hôtels. Une stratégie pour mobiliser les parcs privés et publics avait été négociée et actée dans le cadre de la #CharteDuRelogement et les outils existent. Depuis bientôt un an, pourtant, l’opérateur en charge (la SOLIHA) est à bout de souffle et n’a toujours pas les moyens de proposer de nouveaux logements… La Maire de Marseille a annoncé des mesures lors du vernissage de l’exposition « Indignes Toits » le mercredi 28 octobre. Si celles-ci représentent une victoire pour les personnes délogées, après deux ans de revendications, des questions restent en suspens et nous écrirons ces prochains jours à Michèle Rubirola pour obtenir des engagements précis et clairs.

Bilan: Tout le monde sait désormais que 36 000 logements sont vacants à Marseille (chiffres INSEE). Des milliers d’entre eux pourraient être mobilisés, et reloger les personnes délogées, mal-logées, sans-abris, plutôt que de continuer à urbaniser et asphyxier la ville (comme en témoigne le projet immobilier Porte d’Aix, alors que des bureaux pourraient être installés dans les bâtiments vides de la rue de la République). La mairie a annoncé en juillet qu’elle allait auditer son propre parc immobilier. Mercredi dernier, Michèle Rubirola a également annoncé vouloir mobiliser la stratégie proposée par le Collectif depuis décembre 2018 : remettre en location les logements vacants « sous peine de réquisition ». Fruit de deux ans de revendications des mouvements citoyens, nous attendons impatiemment sa mise en œuvre concrète !

Après deux ans de mobilisations, la Mairie se dit prête à aller jusqu’à la réquisition. C’est une très bonne nouvelle qu’il faut désormais, et urgemment, mettre en œuvre techniquement… et que l’Etat devra appuyer dans le cadre de ses compétences !

En plus de cette possibilité de réquisition, il est urgent d’étendre le parc de logements provisoires ou temporaires disponible, en mobilisant la stratégie définie au point V.3. de la #CharteDuRelogement. Il faut dans le même temps s’assurer que le parc social soit renouvelé pour ne pas faire payer cette crise aux déjà longues files d’attente de demande de logement HLM. Faute de logements disponibles, certaines personnes ont été menacées récemment de devoir quitter leurs hôtels, et ce alors même que les propositions de relogement qui leur étaient dues n’avaient pas été faites. Sur ce point, les mesures annoncées ne précisent en rien si les re-locations de logements vacants alimenteront ce parc de relogement, mais nous avons bon espoir ! La confirmation de la production de 30 000 logements en 6 ans va dans le bon sens, mais rien n’a été annoncé sur la nature de cette production. Nous demandons des précisions à ce sujet afin d’assurer qu’une grande part d’entre eux soient des logements très sociaux, diffus sur le territoire et que cette production se fasse sans réduire les espaces verts.

Bilan: Si les annonces du 28 octobre sont de bonne augure, nous attendons des précisions cruciales et urgentes, certaines personnes attendant un relogement depuis bien avant le 5 novembre 2018!

Revendication historique des habitant·es de Noailles et des personnes délogées : le droit au retour dans son quartier d’origine est défini dans le point III.4. de la #CharteDuRelogement. Alors qu’il s’agit d’une innovation majeure issue des mobilisations citoyennes, personne, absolument personne ne souhaite le mettre en œuvre pour le moment, à commencer par la Métropole, principale pilote de ces politiques d’urbanisme et de logement.

Bilan: ce serait bien de s’y mettre Mme Vassal !

Enfin, vous vous souvenez de la « taxe chatons »? Lorsque l’ancienne majorité avait, en plein confinement, décidé de faire payer aux personnes délogées les frais de prise en charge de leurs animaux de compagnie, nous avions explosé de colère. Six mois plus tard : la mesure existe toujours!

Bilan: si cela ne concerne que quelques ménages, il serait temps de lever cette anti-mesure symbolique de l’ignominie de l’ancienne majorité !

Mesure 3/5 : Protéger les Marseillais·es

« Protéger » les marseillais·es du mal logement, c’est l’urgence absolue, celle qui préoccupe chacun·e à l’approche des 2 ans du drame du 5 novembre 2018. Protéger les personnes des marchands de sommeil pour éviter un autre drames, c’est urgent et possible. En avril dernier, le journal le Ravi dévoilait que 2500 signalements pour péril n’avaient pas été traités.

Lors de notre action en référé au Tribunal Administratif de juin 2020, nous avions dévoilé des témoignages édifiants de situations de cambriolages ou de squat dans des immeubles en péril. Comme par exemple celle d’un habitant qui s’était retrouvé, face à un cambrioleur qui est passé par l’immeuble en péril voisin. De nombreux autres témoignages nous ont alerté·es suite à des vols dans des immeubles en péril inoccupés. D’autres nous interpelle pour signaler le squat d’immeubles en périls mettant en danger les biens des personnes ainsi que celui des squatteur·ses.

Notre bilan : Selon la #CharteDuRelogement et les fonctions de la Mairie et l’Etat, la sécurisation des immeubles peut être prise en charge par leurs services. Malgré les différents signalements, plaintes et interpellations sur ces sujets, les réponses se font attendre

Quant aux 2500 signalements pour péril laissés sur les bureaux par l’ancien adjoint au péril nous attendons que la mairie traite rapidement ce dossier. La Mairie, qui a pour mission d’assurer le suivi de l’ensemble des dossiers et d’informer les occupant·es, n’a pas à ce jour informé les personnes concernées. Au-delà de l’urgence et du danger, nous souhaitons que la mairie communique au plutôt sur ce dossier et que les occupant·es aient accès en toute transparence aux dossiers qui les concernent, comme le prévoient la loi, la jurisprudence et la Charte du relogement.

Bilan : ici comme sur d’autres points, on attend des réponses.

C’est enfin le point récurrent qui est au nœud de nombreux autres problèmes, celui de la transparence. Afin que chacun·e se sente en sécurité et puisse faire respecter ses droits, la Mairie doit « centraliser et fournir les informations utiles aux personnes évacuées et leur permettant de suivre l’évolution de leur situation, via le guichet unique dédié » (art. II.2.3. de la Charte). Malgré les interpellations constantes des habitant·es, notamment à la réunion en Mairie du 23.10.2020, aucune réponse claire n’est apportée. Le droit, lui, est pourtant très clair…

Bilan : A ce jour nous attendons des réponses à nos questions et à nos sollicitations. Nous avons écrit avec d’autres collectifs au conseiller municipal délégué à la transparence, M. Hugon et avons relancé Mme Rubirola dans notre courrier d’hier. Nous attendons des réponses et craignons que les règles de transparence ne soient pas respectées.

Mesure 4/5: Un droit inconditionnel au relogement!

Sommes-nous égaux face au logement? Officiellement, oui. Le droit au logement et au relogement ne fait aucune distinction de statut administratif. En réalité, et la chose n’est pas nouvelle, de nombreuses catégories d’occupant·es sont exclues de la plupart des dispositifs. En matière de périls et de délogement comme dans d’autres domaines, les mêmes trinquent toujours en premiers : les plus précaires et les personnes étrangères. Ces dernières semaines, ce sont également les propriétaires occupant·es qui se voient signifier la fin de leurs prises en charge, pourtant gagnée de haute lutte sous l’ancienne municipalité.

A de nombreuses reprises, nous nous sommes mobilisé·es auprès d’occupant·es de nationalités étrangères dont les droits étaient déniés, parfois sans même aucun (pseudo-)argument légal ou réglementaire. Alors que leur «bonne foi» est régulièrement contestée sans preuve, nous réclamons avec les autres associations que l’accès aux droits soient enfin réellement inconditionnel, que les propriétaires soient mis devant leurs obligations et que les occupant·es soient soutenu·es autrement que par des bénévoles. Toute personne, quel que soit son statut d’occupation, doit pouvoir accéder à un hébergement d’urgence et au relogement sans conditions. En cette période de crise sanitaire, l’hébergement d’urgence semble être assuré par l’Etat (l’ancienne majorité ayant refusé certaines prises en charge) mais régulièrement, les personnes concernées se voient signifier que celui-ci pourrait prendre fin! La Maire de Marseille s’est engagée oralement pour l’«inconditionnalité» le 28 octobre dernier.

Notre bilan: Nous attendons désormais à ce que l’égalité de traitement soit également assumée par la nouvelle Mairie (et ce, alors que des financements de l’Etat peuvent être mobilisés) et étendue à l’ensemble des occupant·es de bonne foi. L’article V.3.2. de la Charte prévoit par ailleurs une possibilité de portage du bail par un opérateur intermédiaire afin de permettre à tou·tes l’accès à un logement, une mesure dont nous attendons la mise en œuvre.

Concrètement, nous avons interpellé la nouvelle municipalité sur quelques dossiers emblématiques. Au 36 rue Curiol, une prise en charge extra-réglementaire avait été mise en place par l’ancienne majorité pour protéger Marseille Habitat qui avait expulsé les occupant·es albanais·es hors de tout cadre légal mais celle-ci est depuis cet été remise en cause. Sur ce dossier, l’adjoint au logement nous avait répondu en août dernier que le dossier serait pris en charge, sans nouvelles depuis… . Nous avons également accompagné cet été les occupant·es du 59 avenue St Just dont la situation est différente mais tout autant préoccupante. Les occupant·es sont actuellement à l’hôtel, sans entrevoir de solution pérenne. Nous avons interpellé les adjoint·es et avons été reçu·es pendant l’été avec les personnes concernées et d’autres collectifs à ce sujet. A ce jour, nous n’avons obtenu aucune solution.

Notre bilan: Sur ces deux dossiers, nous attendons de la part de la Mairie une intervention concertée avec les premier·es concerné·es pour que respectivement propriétaire, Mairie et Etat respectent l’obligation de relogement, notamment en actant la prise en charge des occupant·es au titre du péril par le guichet unique de la rue Beauvau.

Plusieurs propriétaires occupant·es se sont également vu signifier la fin de leur prise en charge à la suite de modifications dans l’évaluation de leur situation sociale, permettant leur prises en charge tel que prévu à l’article IV.1. de la Charte du relogement. Ces occupant·es se retrouvent désormais sans solution, alors même que cette mesure était l’une des victoires cruciales obtenues par les associations, collectifs et personnes délogées. Nous sommes indigné·es qu’une telle décision, en infraction flagrante au texte et à la pratique actée sous l’ancienne municipalité, ait été prise, de surcroit sans aucune consultation préalable.

Notre bilan: Nous attendons que la Mairie revienne au plus vite sur cette décision et avons alerté la Maire à ce sujet le 27 octobre dernier, sans réponse pour le moment.

Point d’information situation d’urgence COVID-19: personnes en situation de précarité et de délogement

Communiqué du Collectif du 5 novembre – Noailles en colère
Marseille, le 18 mars 2020

Comme cela se pressentait, nous sommes dans une situation extrêmement grave pour les personnes en situation de précarité. Sans mettre en concurrence des situations de crise sur l’ensemble du territoire, ici, absolument tout est à faire ! En tentant de nous renseigner sur la gestion de la crise du logement en temps de crise sanitaire, nous avons récolté un certain nombre d’informations que nous portons à la connaissance de toutes et tous.

Les plus précaires seront les premiers touchés

De très nombreuses structures ont fermé en cascade (tel les restos du cœur, le CHU géré par Vendredi 13…), ou sont en sous effectifs, fautes de moyens de protections et barrières sanitaires corrects (rupture des stocks de gel hydroalcoolique, pas de masques…) et des contraintes liées au confinement (gardes d’enfants…). A Marseille, ce sont 3000 Sans Domicile Fixe non confinés qui n’ont plus de quoi se nourrir, du fait de l’impossibilité de récolter de l’argent dans les rues, de fermeture des lieux de restauration sociaux et de non accès aux structures habituelles d’accompagnement. Nous nous inquiétons également pour les personnes travaillant « au noir » qui n’auront aucune sécurité financière et pour les personnes précaires (interim, vacataires …) ou aux revenus à peine plus haut que le SMIC pour lesquels une amputation de 16% de leurs salaires représente une somme considérable (les personnes au SMIC perçoivent un chômage technique à 100%).

Selon nos informations la Fondation Abbé Pierre (FAP) a fermé ses douches publiques (la FAP gère environ la moitié du parc de douches publiques à Marseille) fautes de pouvoir assurer à ses équipes des moyens de protection minimums. Les accueils de jour de la FAP sont également fermés, car il est impossible de respecter les conduites de barrières sanitaires. La FAP prévoit de mettre en place des équipes mobiles en maraudes pour informer des comportements à tenir et distribuer des repas ; ce n’est pas encore opérationnel et très insuffisants pour faire face. Plus largement concernant l’organisation d’équipes mobiles pour les opérateurs sociaux, celles-ci ne peuvent bénéficier de mesures de protection (et ce ne sera pas le cas dans les prochains jours selon les services de l’Etat), hormis les équipes médicales, et de manière encore très partielles. Les maraudes du SAMU social (repères de personnes potentiellement en danger, distribution de couverture et nourriture…) ont été suspendues. Cette situation catastrophique met en danger le personnel et les bénévoles !

Crise du logement et crise sanitaire

Du côté de l’EAPE (Espace d’Accueil des Personnes Evacuées mis en place à a suite des effondrements de la rue d’Aubagne), l’accueil physique au guichet a été fermé pour les mêmes raisons (pénurie masques, absence de barrières sanitaires…). Par ailleurs, la structure connait des difficultés techniques depuis plusieurs jours suite à une cyber attaque sur la Mairie (même système informatique que l’EPAE) et des problèmes électriques. Cette situation vient aggraver les dysfonctionnements réguliers faute de consignes politiques claires et de moyens pour gérer la crise de logement en cours depuis bientôt un an et demi. Le fonctionnement est donc extrêmement dégradé. Des permanences téléphoniques minimum sont assurées au 06 32 87 15 85, et une partie du personnel continue à travailler sur place. Concernant la distribution de chèque service : ils peuvent être distribués après prises de RDV par tél, et ont été étendus à une durée de 28 jours. Mais devant les déplacements très contraints liés au confinement, la fermeture des lieux de restauration, certaines personnes ne peuvent bénéficier de repas réguliers. Il est urgent d’organiser la distribution de repas chauds dans les hôtels (200 ménages environ) et les lieux d’hébergements informels (tel le squat st Just, plus de 200 personnes).

Concernant les expulsions domiciliaires, et suite au communiqué du ministère du logement annonçant le report de la suspension de la trêve hivernale, un courrier a été envoyé à la chambre régionale des huissiers et à la DDSP pour suspendre toutes les expulsions locatives jusqu’à nouvel ordre. On sait cependant que des expulsions ont encore eu lieu en France, comme hier à Calais par exemple.

Nous alertons également sur le fait que le confinement n’est pas vécu par toutes et tous dans les mêmes conditions : 100 000 personnes sont aujourd’hui confinées dans des taudis à Marseille, sur un parc de 40 000 logements indignes. Être confiné dans un logement indigne n’est, pas plus qu’hier, une solution !

Nous demandons immédiatement, concernant la situation marseillaise:

  • la mise en place de distributions de repas chauds, d’eau et d’accès à l’hygiène pour toutes les personnes en situation de précarité, et en particulier les 3000 SDF de Marseille;
  • la mise en place de distributions de repas chauds dans les hôtels pour les personnes délogées et n’ayant aucune forme de logement provisoire (environ 400 à 500 personnes selon les dernières informations dont nous disposons)
  • un communiqué public clair assurant le maintien en hôtel de toutes les personnes délogées jusqu’à minima à la fin de la période de confinement, y compris après main levées d’arrêtés de péril (des dizaines de courriers ont été envoyés par la SOLIHA intimant les personnes délogées à regagner des logements inhabitables)
  • la prise en charge a minima jusqu’à la fin du confinement et a priori de toutes les personnes évacuées et dont le statut fait habituellement débat entre les pouvoirs publics et nous (personnes étrangères ou personnes délogées sans arrêté de péril comme les victimes de l’incendie récent rue Messerer)
  • la réquisition de logements pour mettre à l’abri toutes les personnes le nécessitant pour cause de crise sanitaire et la réquisition des hôtels qui ne devrait plus poser problème au vue de l’absence de tourisme actuellement.
  • Des mesures de surveillance renforcées autour des immeubles en péril qui pourraient particulièrement être victimes de cambriolages.

Nous demandons par ailleurs à l’Etat d’agir entre autres sur les points suivant :

  • La distribution urgente de protections sanitaires pour toutes les structures bénévoles ou professionnelles qui en ont besoin pour assurer la continuité de leurs activités sociales et solidaires
  • La mise en place d’un revenu minimum de confinement permettant d’amortir les pertes de revenus de toutes les personnes précaires, à bas revenus ou chômeurs en fin de droit, le maintien des prestations sociales et du RSA le cas échéant, notamment en cas de problème et de radiation administrative
  • l’organisation de tournées dans des conditions sanitaires maximums auprès des personnes vulnérables et précaires afin de s’assurer qu’elles disposent de soutiens dans leurs familles et voisinages et d’organiser si nécessaire la solidarité. Une vague de décès de personnes isolées similaire à celles que nous pouvons vivre en périodes caniculaires nous inquiète fortement.

La crise sanitaire actuelle ne vient que renforcer une situation existante, une crise du logement sans précédent à Marseille, une crise sociale majeure dans tout le pays. La période que nous vivons actuellement aggrave ainsi des problèmes qui auraient du être traités bien en amont. Nous discuterons avec toutes les structures, collectifs d’habitants et de solidarité, pour réclamer ensemble des mesures de protections solidaires des plus précaires. En ces temps difficiles, prenons soin de nous et organisons-nous pour être plus solidaires que jamais !

La solidarité est un devoir, ce n’est pas un délit! – Grande marche citoyenne samedi 25 janvier

Grande marche citoyenne, Samedi 25 janvier, 14h, Place Carli (bas du cours julien)


L’événement à faire circuler >>> Grande marche : Habitat Digne / Criminalisation de la solidarité

RDV le jeudi 30 janvier à 14h, devant le tribunal (rue Polak, 13006) pour un rassemblement vigilant pendant le procès de notre militant.

Malgré la mort de huit personnes sous les effondrements du 5 novembre 2018, la crise du mal-logement continue à Marseille. Plus de 4 000 personnes ont été délogées et aucun plan pour la rénovation des 40 000 logements indignes n’est envisagé ! Des Marseillais·es se sont engagés dans un esprit de solidarité pour exiger des pouvoirs publics que soit respectés la dignité et le droit des victimes du mal-logement (sinistrés, délogés, évacués ou expulsés). Incapable de répondre à cette demande, c’est une politique de criminalisation de ces militant.es qui a été mise en œuvre dans le but d’empêcher toute contestation populaire.

• Un des membres du Collectif du 5 novembre, Kevin Vacher, a été placé en garde à vue pendant 28 heures du 16 au 17 septembre dernier à la suite d’une action menée par plusieurs associations et collectifs citoyens dans les locaux de Marseille Habitat. Cette manifestation avait pour but de protester contre le fait que plusieurs familles avaient été contraintes de quitter en urgence de manière violente et scandaleuse leurs logements sans aucune prise en charge. Malgré la signature de la charte par la ville et l’état, Marseille Habitat n’a pas respecté les droits des locataires. Suite à cette intervention, les familles ont obtenu d’être relogées conformément à la loi. Pourtant, Marseille Habitat maintient sa plainte et Kevin passera en procès le 30 janvier.

• En décembre dernier, la Ville de Marseille demande à Emmaüs Pointe Rouge de payer 4285 euros d’amende sous le prétexte que des affiches appelant à la tenue des États Généraux de Marseille avaient été repérées sur des emplacements non conformes.

• Les forces de police sont intervenues et ont placé en garde en vue des habitants de la copropriété Maison Blanche (14ème), quelques semaines après qu’un incendie ait endommagé des appartements. Au cours de cette intervention, des policiers ont voulu intimider des habitant·es, menaçant de « dissoudre » le collectif de quartier. 
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• Diverses pressions et un contrôle de police ont été effectués récemment au Le Molotov , salle de concert, qui reçoit gracieusement des permanences du collectif du 5 novembre. Ce lieu emblématique connu pour ses positions de solidarité, mais aussi pour ses engagements politiques, antifascistes et antiracistes pourrait être frappé d’une mesure de fermeture ce qui aurait pour conséquence la fin des concerts ainsi que des permanences organisées pour recevoir les personnes délogé.es toujours plus nombreuses et démunies. 

Pourtant depuis le drame du 5 novembre 2018, qui a causé la mort de huit personnes, les propriétaires des 63, 65 et 67 rue d’Aubagne n’ont pas été inquiétés. Un seul marchand de sommeil, l’élu municipal André Malrait, a été condamné pour avoir loué un logement insalubre. Pourtant, ce-dernier est toujours en poste et dispose encore du soutien du maire Jean-Claude Gaudin. 

Le décès de Mme Redouane causé par l’impact d’un tir de lacrymogène lors d’une manifestation pour le logement, le 2 décembre 2018, n’a conduit à aucune mise en examen de policier. Au lieu de poursuivre les marchands de sommeil et les policiers auteurs de violence, on met en cause les citoyens qui organisent la solidarité.

Depuis de long mois, la ville de Marseille et l’Etat s’engagent dans des politiques d’intimidation de nos militants. Des citoyens engagés ou militants ont subi la même violence : salarié.es précarisé.es, gilets jaunes, les syndicalistes, les militant.es qui manifestent contre les violences policières ou ceux qui organisent la solidarité avec les migrants. 

Aujourd’hui, nous appelons les marseillais·es à venir nombreux à cette grande marche pour exiger :
– l’arrêt de cette politique de criminalisation des mouvements sociaux et de solidarité  
– la justice sociale et l’égalité pour tous.
– le respect des droits des personnes délogées et une politique de logement digne pour tou·tes

Premier·es signataires :

Assemblée de la Plaine, Association Leveque Family Project, Centreville Pourtous , Collectif du 5 novembre, Collectif habitants de la maison Blanche, Collectif Mémoires en Marche, Ilfaitbonvivredansmacite Air-bel, Collectif Cabucelle, Collectif des habitants des Bourelly, Collectif des écoles de Marseille, Collectif des Habitants Organisés du 3ème, Collectif des salarié.es de MCdo Saint-Barthélemy Christian Buisson ,  La Cimade MarseilleCCFD-Terre Solidaire, CNT-13, CNT-Solidarité Ouvrière 13 , CGT FERC-Sup de l’Université d’Aix-Marseille , Etats Généraux des Migrations,  Emmaus Marseille Pointe Rouge , Fsu Bouches du Rhone , Gilets Jaunes du Toursky, Ligue des droits de l’Homme – Section de Marseille , Les Co-citoyen , Le Groupe de Veille Busserine, Transitlibrairie , Mondiale des Femmes13 PACA, Médecins du Monde Marseille (PACA), MRAP 13Marseille FéministeRESF 13, RUSF13,  Réseau Hospitalité Marseille, Réinventer la gauche, Solidaires 13,  Syndicat des Quartiers Populaires de Marseille – SQPMQuartiers Nord / Quartiers forts

Réponse à Martine Vassal: Pour les commémorations, les familles et les habitant.es s’en sont déjà occupé. Où étiez vous pendant ce temps-là?

Martine Vassal déclare hier vouloir installer une plaque commémorative sur le lieu des effondrements du 5 novembre 2018 quand elle (si elle) sera maire de Marseille. Outre le fait que celle-ci a déjà été dévoilée le 5 novembre dernier à la Mairie de Marseille, sans aucune concertation avec les familles et proches des victimes ni avec les habitant·es de Noailles, cette récupération électorale nous indigne une fois de plus.

Les habitant·es de Noailles n’ont jamais vu des élu·es de la mairie pendant cette période difficile pour aider et accompagner les familles des victimes dans ce moment de deuil et de recueillement. Nos marches dignes ont été le plus bel hommage à leur faire. Les habitant·es de Noailles ont eux-mêmes dû organiser le premier deuil citoyen le 5 décembre 2018, tandis que Mme Vassal sortait à peine de son silence sur l’événement. Les frais d’obsèques n’ont jamais été complètement réglés et M. Gaudin a attendu plus d’un mois avant d’adresser un simple courrier aux parents des victimes. Les familles n’ont jamais été reçues par les élus de la mairie de Marseille. Où était Mme Vassal à cette époque ? Elle était occupée à se préparer pour les prochaines municipales avec l’aval de Jean Claude Gaudin. Dont acte.

Plutôt que de se préoccuper aujourd’hui de la mémoire de nos 8 voisin·es, Mme Vassal aurait dû depuis plus 15 mois(au moins) de s’occuper de l’habitat indigne, au lieu de faire faire des ravalements de façades coûteux et de piétonniser les rues pour les touristes.

Malgré les propositions solides que nous lui avons faites, ainsi que de nombreuses autres associations, malgré les compétences importantes de la Métropole en matière d’habitat, du CD13 en matière de protection des enfants mal-logés, Mme Vassal n’a jamais daigné nous répondre autrement que par le mépris. Le Projet Partenarial d’Aménagement piloté par la Métropole est quant à lui une réponse déjà prévue avant les effondrements, qui ne prend aucunement la mesure des enjeux. Celui-ci a tourné le dos à toute concertation sérieuse avec les premier·es concerné·es, délogera des milliers de personnes sans prévoir correctement leurs relogements et a pour principal objectif que de donner de la « valeur ajoutée » à des quartiers populaires qui se verront progressivement vidés des classes populaires.

Nous manifesterons une nouvelle fois le samedi 25 janvier, comme prévu, aux côtés de nombreux·ses marseillais·es pour réclamer une politique du logement digne. Et aussi dénoncer la criminalisation de la solidarité alors qu’un des militants de notre collectif passera injustement en procès le 30 janvier.

Mme Vassal, vous ne vous êtes jamais intéressé à ces dossiers, il est regrettable que vous en parliez en pleine campagne pour les élections municipales.

Les marseillais·es ne sont pas dupes !!!

Cordialement,

Le Collectif du 5 novembre – Noailles en colère.

Lettre ouverte à l’adresse de Monsieur Denormandie, Ministre du Logement

Marseille, le 16 janvier 2020

Monsieur le Ministre,

A Marseille, depuis le drame de la rue d’Aubagne de Novembre 2018, les évacuations d’immeubles et les arrêtés de péril ne s’arrêtent pas. Tous les arrondissements sont concernés : on compte en moyenne 15 arrêtés de péril chaque mois en 2019.

La situation des habitants délogés a été prise en compte dans une charte garantissant leurs droits. Cette charte, co-construite avec un collectif Inter-associations, la Ville et l’Etat, fait l’objet d’un Comité de Suivi régulier, dont l’objectif est de mesurer l’avancée de sa mise en œuvre. Cependant, et malgré nos alertes répétées, celle-ci n’est toujours pas appliquée. La démission de Madame Arlette Fructus de sa délégation au logement en atteste de manière indiscutable.

Il faut maintenant une réponse, cette crise ne peut plus attendre. Nous vous exposons quelques points parmi les plus urgents sur lesquels il faut agir, immédiatement :

  • l’insuffisance du parc de logements relais
  • le manque d’offre de logements définitifs adaptés aux ressources des personnes délogées (et notamment de logements très sociaux avec un rééquilibrage nécessaire de l’offre par arrondissement)
  • la mise en œuvre de mesures spécifiques concernant la pratique marseillaise de baux verbaux afin que tous les délogés soient pris en compte par le dispositif inscrit dans la charte
  • l’insuffisance de l’accompagnement des propriétaires occupants
  • l’absence de coordination des services d’hygiène et de salubrité et de gestion des risques (une réorganisation des services avait été envisagée mais n’a jamais réellement aboutie)
  • la difficulté de sécurisation (nombreux cambriolages…) et d’accès aux biens personnels dans les immeubles évacués

Pour répondre à cette crise, crise humanitaire qui ne fait que s’amplifier dans la deuxième ville de France, nous demandons au plus tôt :

  • la réquisition de logements vides pour constituer un parc relais à la mesure des besoins
  • la mise en œuvre d’une réelle action en matière de salubrité par la mise en place d’une coordination réelle et resserrée entre les services d’état (ARS et CAF) et les services municipaux d’hygiène et de gestion des risques
  • des dispositions juridiques afin que les locataires ayant conclu des baux verbaux puissent être pris en compte dans le dispositif de la charte de relogement
  • le soutien et l’accompagnement des propriétaires occupants
  • la mise en place d’une évaluation du dispositif de relogement, réalisée de manière externe, telle que prévue dans le chapitre V de la charte du relogement
  • l’intégration de nos organisations aux instances de pilotage des projets urbains, notamment PPA, SPLA et GOU.

Votre attention aux problématiques de logement à Marseille nous conduisent à solliciter votre intervention, en tant que garant de la charte de relogement, afin que tous les moyens nécessaires à son application soient mis en œuvre. Il y a urgence.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de recevoir nos respectueuses salutations.

Premiers signataires : Collectif du 5 novembre – Noailles en colère, Un Centre Ville Pour Tous, AMPIL, Compagnons Bâtisseurs, Ligue des Droits de l’Homme Marseille, Réseau Education Sans Frontières

Communiqué des délogé.es du 51, bd Dahdah, du Collectif El Manba et du Collectif du 5 novembre

Communiqué lu devant l’EAPE le 22 novembre 2019

Jeudi 14 novembre à 8h la mairie demande aux quelques 80 habitant.es du 51 Boulevard Dahdah de quitter le bâtiment au motif d’une suspicion de péril. Quelques heures plus tard, la police municipale arrive et impose à tous les habitants d’évacuer l’immeuble, sans possibilité de récupérer la plupart de leurs biens personnels. L’évacuation se fait dans la confusion, à la hâte, sans donner aucune information aux habitants. La mairie a demandé expressément au service social chargé d’intervenir dans toute évacuation, l’EAPE (Espace d’Accueil des Personnes Evacuées), de ne pas se déplacer. Tandis qu’une partie des personnes restent devant le bâtiment, d’autres partent sans être informé de leurs droits. Ceux restés devant le bâtiment sont emmené.e.s dans un gymnase de la municipalité situé rue Ruffi dans le 3ème arrondissement. Un arrêté d’évacuation avec interdiction d’occuper (consultable sur le site de la ville) est pris dans l’attente de la nomination d’un expert désigné par le Tribunal Administratif et la prise d’un arrêté de péril grave et imminent. Un tri arbitraire et discriminatoire, organisé par du personnel non qualifié, est alors opéré entre les personnes en possession d’un bail et les autres. Plus d’une cinquantaine de personnes doivent rester. Beaucoup de ces personnes sont demandeuses d’asile et relèvent du dispositif national d’accueil, géré par l’OFII (Office Français Immigration Intégration). N’oublions pas que si les demandeurs d’asile du 51 boulevard Dahdah se sont retrouvés dans cette siutation de logement précaire, aux prises avec les marchands de sommeil, c’est bien parce que l’Etat et ses sous-traitants tels que l’OFII ne respectent pas le droit des étrangers et refusent aux exilé.e.s l’hébergement qui leur est dû.

Le lendemain de l’évacuation, la préfecture mandate l’association Sara Logisol pour la gestion du gymnase, tandis que la mairie se dédouane de toute responsabilité de relogement, sous prétexte que les personnes concernées sont des demandeurs d’asile, niant leurs droits à la « charte pour un relogement digne » dont toute personne évacuée devrait bénéficier. Il aura fallut la mobilisation des délogés et de soutiens présent sur le site pour que L’EAPE, gérée par l’association France Horizon, finisse par être mandatée pour proposer des solutions temporaires aux expulsé.e.s et vider le gymnase municipal. La démarche est claire : plutôt que de leur faire bénéficier des mêmes droits que toute personne évacuée, la mairie renvoie la responsabilité à l’OFII, qui offre des perspectives d’hébergement quasiment nulles. De plus, les solutions temporaires proposées sont inadaptées et indignes. Parmi les délogé.es du boulevard Dahdah la colère monte.

 » Nous habitions au 51 bd Dahdah, nous sommes des demandeurs d’asiles et vivions avec des familles, des français.es, des personnes avec des titres de séjour. Nous avons été expulsés et mis dans un gymnase sans solution de relogement tandis que les autres habitant.es ont été pris.es en charge. Depuis, l’EAPE a proposé des nuits d’hôtel à certains d’entre nous. Beaucoup sont revenus au gymnase face aux conditions à l’hôtel: absence d’eau chaude et pas de chauffage. Nous avons besoin d’un endroit où rester de manière permanente, ou nous pouvons cuisiner. Nous ne voulons pas des solutions à court terme. Nous voulons continuer à vivre à Marseille et ne pas être envoyés loin, sans moyen de transport. Nous voulons récupérer nos affaires restées dans l’immeuble.

Nous nous sommes débrouillés sans l’OFII pour avoir un toit jusqu’à maintenant. Aujourd’hui nous demandons au gouvernement,à l’État de prendre ses responsabilités. Nous demandons à la mairie de nous traiter de la même manière que tout délogé de logement indigne et de bénéficier du même dispositif que nos voisin.es avec titre de séjour ou avec la nationalité française. »

L’EAPE, face à une nouvelle mobilisation des délogés, finit par trouver des nuits d’hôtel sur Marseille et par donner un document signé par le SIAO 13 [voir annexe]. Sur place, les travailleurs et travailleuses sociaux de Sara Logisol et de l’EAPE affirment que ce papier est une garantie pour le relogement pérenne des délogés. Ils et elles laissent quelques minutes aux personnes présentes pour accepter ce compromis, sous menace de fermer le gymnase sans aucune solution, même temporaire. Sous pression, les évacués de Dahdah acceptent les nuits d’hôtel et de signer le document.

A l’heure actuelle, la situation est inquiétante. Effectivement, la ville de Marseille refuse de prendre ses responsabilités etexerceune politique de division des populations arbitraire et discriminatoire en refusant aux délogés du 51 boulevard Dahdah l’accès aux droits que leur ouvre la charte pour un relogement digne.

Nous, délogés du 51 Boulevard Dahdah et collectifs de soutien exigeons:

  • Que la ville de Marseille applique immédiatement la charte pour un relogement digne
  • Que l’EAPE mène ses missions à bien et reconnaisse comme occupantes de bonne foi toutes les personne délogées du 51 boulevard Dahdah
  • Que l’OFII et son sous-traitant la PADA repectent le droit des étrangers et assurent un logement immédiat pour tou.te.s les demandeur.se.s d’asile et dubliné.e.s tout au long de la procédure
  • Que l’Etat reconnaisse que sa gestion déplorable de l’hébergement dans le cadre de sa poltique d’asile fait prospérer le busness des marchands de sommeil au détriment des personnes les plus précarisées
  • Que les délogés récupèrent leur affaires et biens personnels et que les conditions matérielles de déménagement soient assurées par la mairie de Marseille
  • Que les délogés soient toutes et tous relogé.es de manière pérenne et dans des conditions qui répondent à leurs besoins
  • Un logement digne pour tous et toutes

Nous sommes déterminé.es à poursuivre cette mobilisation tant que les personnes seront dans des situations de relogement précaires. Pour ce faire, nous convonquons dans l’immédiat une réunion exeptionnelle du comité de suivi de la charte et nous appelons tout habitants de Marseille à se mobiliser. Nous étions 15’000 le 9 novembre pour dénoncer le mal-logement. D’autres actions viendront, tenez-vous prêts.Solidarité avec tous les délogés, mal logés, sans logement, victimes des politiques discriminatoires de l’Etat!

Communiqué: 5 novembre 2019, une dignité incroyable

Un an après, les habitant·es de Noailles et de Marseille se sont réuni·es en la mémoire de nos voisin·es décédé·es le 5 novembre 2018. Pendant plusieurs heures, un hommage poignant leur a été rendu. Autour des familles et proches des victimes, ce sont plusieurs centaines de personnes qui ont respecté les 9 minutes de silence après que les cloches de l’église ont tonné dans nos rues. Nous avons rompu ce silence par un fracas exutoire aux cris de « Ni oubli ni pardon » qui ont envahi immédiatement la place puis laissé place à de longs applaudissements. Ce moment fort de l’histoire de notre ville vient marquer une semaine de mémoire et de mobilisations organisées par les associations et habitant·es de Noailles, dont le Collectif du 5 novembre.

La quasi-totalité des personnes présentes ont entouré dignement les familles et proches. Nous étions également présent·es en soutien aux sinistré·es et aux 4 000 personnes délogées de tout Marseille dont les vies ont parfois elles aussi été brisées. Nous regrettons, avec amertume, que certain·es élu·es n’aient pas souhaité rester discret·es en ce moment d’émotion et de colère en tentant de se rendre visibles 15 minutes après l’hommage. Nous saluons la réaction unanime et spontanée des habitant·es qui ont su s’exprimer en restant dignes. Nous pensons avant tout aux proches des victimes que nous accompagnions ce matin, qui souhaitaient que ce moment soit intime et citoyen et dont le deuil n’aurait jamais dû être perturbé par une opération de communication. Heureusement, l’Histoire oubliera ce genre d’anecdotes et se souviendra de l’émotion et de la mobilisation populaire.

Le sentiment de tristesse mêlé de colère qui s’est exprimé une nouvelle fois rue d’Aubagne est le symbole d’une fissure dans la ville et dans nos intimités qui ne saurait se refermer sans un changement profond de la politique du logement. Nous l’exprimerons avec émotion, dignité et détermination ce samedi à 15h, lors d’une grande marche qui partira du métro Notre Dame du Mont. Marseille ne peut pas attendre qu’un nouveau drame se reproduise. Nous invitons tou·tes les Marseillais·es à nous rejoindre ce samedi.

Communiqué: Un an après – Grande marche en soutien à toutes les victimes, pour un logement digne, pour toutes et tous

Samedi 9 novembre, 15h, Métro ND du Mont

Appel des citoyen·nes, collectifs d’habitants, syndicats et associations solidaires

Nous approchons d’une date historique, celle des effondrements de la rue d’Aubagne le 5 novembre dernier, qui ont fait 9 victimes. Fabien, Simona, Marie-Emmanuelle, Cherif, Niasse, Ouloume, Taher, Julien et Zineb, décédée suite à la répression policière. Près de 4000 personnes ont été délogées depuis, s’ajoutant à toutes les autres victimes du mal logement. 

Les habitant.es, collectifs et associations n’ont depuis cessé, tous les jours, d’appeler et d’agir pour que le droit à la ville pour toutes et tous soit enfin respecté et que le mal logement et l’hébergement inconditionnel soient enfin considérés par les pouvoirs publics. Malgré l’urgence, aucune réponse à la hauteur des enjeux, mais une violence institutionnelle, un mépris de classe et une ville vendue depuis trop longtemps aux promoteurs immobiliers. Les habitant-es en sont les victimes, contraints de dormir dans des logements indignes propriétés de marchands de sommeil.  

Retrouvons-nous par solidarité aux familles et leurs proches, dire d’une seule voix le refus de ce mépris et de cette violence institutionnelle et sociale et réaffirmer notre volonté d’une Marseille, vivante, populaire, accueillante !

 Nous, citoyen.nes de toutes nationalités, collectifs, associations, syndicats, quelque soit nos luttes et par delà nos différences, appelons à s’unir pour une justice sociale et écologiste, pour la vérité, la justice et la dignité de toutes et tous. A nous de décider si ce moment doit entrer dans l’histoire de notre ville. 

Répondons présent.es, aux côtés des proches des victimes. Rendez-vous samedi 9 novembre à 15h au cours julien, devant le métro Notre Dame du Mont 

Ni oubli, ni pardon, plus jamais ça, agissons!

Premiers signataires :

AMPIL, Assemblée de la Plaine, Association des usagers des bibliothèques de Marseille, BDS France – Marseille, CGT Educ action 13, CNT-SO, Collectif d’Air-Bel « il fait bon vivre dans ma cité » , Collectif de la Cabucelle, Collectif des écoles du 3ème arrondissement, Collectif des écoles de Marseille, Collectif des États généraux de la Culture, Collectif des habitants organisés du 3ème, Collectif du 5 novembre – Noailles en colère, Collectif habitants de Maison Blanche, Collectif Mémoires en Marche, Conseil citoyen du 1/6, Didac’ Ressources, El Mamba, Emmaüs, Etats généraux des migrations, FUIQP Sud, Gilets Jaunes du Toursky, Groupe de Veille Busserine, L’art de vivre, La marche mondiale des femmes 13 PACA, Les amoureux des bans publics, Les Co-citoyens, Ligue des Droits de l’Homme Marseille, Marseille féministe, MRAP 13, Osez le Féminisme ! 13, Quartiers Nord/Quartiers Forts, RESF 13, Salariés du McDo St Barthélémy, Santé sans frontière – MadOhane, Solidaires 13, Sud éducation 13, Syndicat des Quartiers Populaires de Marseille, UD CGT 13, UL CGT Centre-Ville, Un Centre-Ville pour Tous…

Communiqué: Le monde à l’envers!

Diffusé le 17 septembre

A Marseille, les autorités publiques ont abandonné la question de l’habitat indigne, laissant prospérer les marchands de sommeil et accentuer la précarité résidentielle des plus démunis. Près de 3500 personnes ont été délogées depuis les effondrements de la rue d’Aubagne, où 8 personnes sont mortes. Mais plutôt que d’agir, on préfère museler ceux qui accompagnent ces familles dans leur droit. Kevin Vacher est un des membres actifs du C5N. Il était depuis hier [lundi 16 septembre, NDLR] en garde à vue!
Son crime: s’être montré solidaire depuis plus de 10 mois pour que les familles délogées soient traitées humainement et dignement.

Rappel des faits :
Le 9 septembre dernier, lors d’une énième évacuation d’un immeuble propriété de Marseille Habitat, 21 personnes occupants de bonne foi au 36 rue Curiol (enfants, familles, femmes dont une enceinte) ont été expulsés illégalement sans aucune prise en charge. Les logements ont ensuite été démolis à la masse par des employés du propriétaire Marseille Habitat, sous l’œil de la police comme en témoignent les vidéos déjà diffusées. Plus tard dans la soirée, l’inhabitabilité de l’immeuble suite à l’intervention musclée de Marseille Habitat est constatée par la sécurité civile, qui ordonne l’évacuation des 3 derniers occupants et la condamnation du bâtiment.

Le C5N a veillé à ce que les personnes soient hébergées le soir même.

Mardi 10 septembre, devant l’absence de réponse des autorités (aucun arrêté de péril pris sur l’immeuble, aucune garantie sur la continuité de la prise en charge des familles…), les délogés accompagnés des bénévoles du C5N se rendent à l’EAPE rue beauvau où on leur précise qu’ils doivent aller à Marseille Habitat, propriétaire du 36 rue Curiol.

Trois jours plus tard, Kevin Vacher est convoqué au commissariat pour une audition libre. Il s’y est présenté de bon gré et s’est vu immédiatement notifier sa mise en garde à vue. Cette détention fait suite à la plainte d’une employée de MH qui déclare avoir été blessée au doigt lors de l’arrivée au siège de MH. MH a également déposé plainte, preuve une fois de plus qu’il s’agit d’une affaire instrumentalisée politiquement. Au lendemain de sa garde à vue prolongée, il est libéré à 18h et convoqué le 30 janvier prochain pour les suites de l’instruction.

Le C5N a largement démontré depuis de nombreux mois son positionnement pacifique et sa volonté de dialogue avec les autorités publiques. Rue Curiol comme ailleurs, le C5N était présent pour pallier aux défaillances des pouvoirs publics dans la gestion de cette crise humanitaire en réservant nous même les chambres d’hôtel. Nous dénonçons aujourd’hui avec force cette tentative d’intimidation et de criminalisation de nos luttes nécessaires, alors que les pouvoirs politiques ne respectent pas leurs engagements signés dans la charte de relogement.
C’est aujourd’hui un militant intègre et connu pour sa non violence qui a été enfermé pour avoir éviter la mise à la rue de nombreuses familles ! Ces tristes événements ne font que renforcer la détermination du C5N à continuer son action pour la justice et au service des délogés.